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Sonde Connectée d'Entraînement Périnéal : Test d'Emy


La sonde connectée  Emy

Depuis quelques mois était annoncée la mise sur le marché de sondes connectées pour travailler son périnée à la maison au moyen d’un biofeedback (BFB). En bon kinésithérapeute geek sur les bords, j’attendais avec impatience de voir ces produits finis.

A la rentrée 2018 sont donc sortis à peu près en même temps Périfit, Urgo Mia, et Emy. C’est cette dernière que Fizimed, le laboratoire la développant, m’a permis de faire tester à des patientes en m’en fournissant gracieusement 5.

Mais tout d’abord, le biofeedback qu’est-ce que c’est ?

En français, on parle de rétrocontrôle biologique. C’est une boucle d’apprentissage qui permet d’avoir un retour en direct d’une action effectuée et ainsi de se corriger. Dans notre cas, la sonde Emy capte la pression qu’on exerce sur elle et vous permet de visualiser ce que vous faites sur votre smartphone grâce à une application dédiée. La connexion sonde-téléphone est bien sûr sans fil.

Comment ai-je choisi les patientes qui ont testé la sonde ?

Disposant de 5 sondes, j’ai essayé d’être assez large dans les profils. Tout d’abord, j’ai estimé qui pouvait tirer un bénéfice d’une sonde connectée. Il fallait des patientes motivées à travailler chez elles, non-hermétiques à l’utilisation d’une sonde -je rappelle au passage que le l’ajout de BFB a montré son intérêt face au seul travail manuel dans de nombreuses études-, et qui avaient déjà un minimum de pratique en rééducation périnéale, je reviendrais sur ce point un peu plus tard.

Quelles sont les femmes qui ont testé Emy ?

  • Testeuse n°1 : Femme de 33 ans, sans enfants, consultant pour douleurs aux rapports (dyspareunies) dans un contexte d’endométriose.

  • Testeuse n°2 : Femme de 38 ans, deux enfants, présentant une incontinence anale avec impériosités (urgences), une descente d’organes (prolapsus) et une diminution des sensations lors des rapports.

  • Testeuse n°3 : Femme de 35 ans, 2 enfants, en post partum classique, sportive avec sensation de pesanteur (manque de tonus du périnée et léger prolapsus).

  • Testeuse n°4 : Femme de 34 ans, 1 enfant, consultant pour incontinence urinaire d’effort persistante à plus d’un an de son accouchement et malgré une première rééducation. !ces fuites survenaient lors d’efforts importants (ceinture noire de karaté).

  • Testeuse n°5 : Femme de 63 ans, 3 enfants, présentant une incontinence anale et qui avait également une incontinence urinaire qui a été réglée.

Pourquoi avoir donné une sonde connectée à ces patientes ?

Pour la testeuse n°1 : La prise en charge est très globale : thérapie manuelle externe et interne, travail respiratoire et de relâchement global, étirements ciblés, éducation thérapeutique, et reconnexion avec le périnée. La composante musculaire de ses douleurs, à cause d’une trop grande tension, pouvait rendre la pénétration difficile et l’après rapports très douloureux (impossibilité de s’assoir, par exemple). Le BFB permet de renforcer le lien entre ce que l’on voit à l’écran, ce que l’on fait et ce que l’on sent. Une meilleure maîtrise du périnée permet de mieux le relâcher et donc de diminuer les douleurs. La sonde permettait donc à la patiente de travailler ce point entre les séances et de nous concentrer sur d’autres choses tout aussi importantes dans sa prise en charge.

Pour les testeuses n°2, 3 et 5 : Il s’agit de patientes suivies au long cours. Nous avons terminé la rééducation initiale, elles savent parfaitement utiliser leur périnée mais ont besoin d’entretenir ce travail au long cours. La sonde permet d’jouter un côté ludique, de redonner de la motivation et de suivre leur assiduité.

Pour la patiente n°4 : Cette patiente n’avait que peu de temps pour sa rééducation puisqu’elle devait quitter la France et n’avait pas de possibilité de continuité de rééducation dans son pays d’origine. Elle présentait un périnée assez faible, avec de nombreuses contractions parasites (syncinésies), « noyant » ainsi la perception et l’exécution correcte de la contraction du périnée. Nous avons profité de nos quelques séances pour éliminer ces syncinésies, et apprendre à utiliser la posture et la respiration pour obtenir une contraction automatique du périnée. La sonde était un outil providentiel pour qu’elle puisse continuer à faire travailler son périnée avec un autocontrôle.

Quels retours sur l’utilisation de la sonde Emy ?

Mes patientes ont apprécié la sonde Emy, la trouvant confortable et d’utilisation simple et ludique. Elles ont été régulières dans leurs exercices à domicile et reste à voir si la motivation perdure dans le temps.

De mon côté, j’apprécie que l’utilisation d’une sonde connectée ait pu aider à l’observance d’un travail à domicile qui est essentiel dans la réussite d’un traitement. En effet, une rééducation ne peut se limiter aux séances faites chez le kinésithérapeute. Les séances doivent, selon moi, servir à apprendre ce qu’il faut faire en dehors de celles-ci ou permettre aux patients de bénéficier d’actes que seul le kinésithérapeute peut effectuer (massages, thérapie manuelle, utilisation de certaines technologies, etc…). Dans les différentes situations de mes patientes ayant testé la sonde, Emy a permis d’atteindre différents objectifs : permettre de se concentrer sur d’autres choses que le BFB lors des séances, assurer un travail d’entretient peut être de manière plus régulière ou encore permettre d’espérer une amélioration dans le cas de ma patiente quittant la France (à voir dans quelques mois lorsqu’elle reviendra).

Quelles sont les limites des sondes connectées ?

Les sondes captent la pression qu’on exerce dessus. Je n’ai pas testé si la sonde pouvait confondre contraction du périnée et poussée abdominale. Ce qui est certain, c’est que si vous poussez en même temps que vous serrez le périnée, ou si vous serrez les fesses, les cuisses ou les dents, la sonde ne vous corrigera pas.

Certaines personnes peuvent avoir du mal à trouver le chemin permettant de commander leur périnée, ne le sentent pas -et parfois car il est déjà contracté en permanence-. La sonde n’est alors pas suffisante. Il est nécessaire de passer dans un premier temps par un abord manuel.

Enfin, la prise en charge en kinésithérapie périnéale ne se limite pas à contracter le périnée. Une étude sur des femmes athlètes a d’ailleurs montré que les femmes du groupe « incontinence urinaire » avaient une moyenne un périnée plus fort que celle du groupe « continentes » (https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00192-018-3701-8). La globalité nécessaire pour mener à bien une rééducation (posture, la synergie périnée-abdominaux, respiration, etc…), ainsi que la finesse pour s’adapter aux besoins de chaque patient demande encore l’intervention humaine.

En conclusion, la sonde connectée est un outils intéressant et pouvant apporter un vrai "plus" à la rééducation. Par contre, elle ne peut pas permettre de se passer de l’accompagnement d’un kinésithérapeute (et heureusement pour moi !). Sauf si vous savez utiliser votre périnée et que vous n’avez pas de problème. Mais a-t-on vraiment besoin de la sonde à ce moment-là ?...

Je précise n’avoir aucun conflit d’intérêt et ne toucher aucune rémunération de la part de Fizimed qui m’a fourni les sondes pour les donner gratuitement à mes patientes.


Visitez mon site pour en savoir plus sur :

Vous pouvez retrouver les trois sondes évoquées ici sur leurs sites respectifs :

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